Des textes qui bouleversent la syntaxe et les idées, qui prônent l’inconfort et dérangent le bien-pensant. Des textes qui empruntent les deux sillons choisis : « s’arracher, s’attacher ». Ainsi, Mia Couto, l’« accordeur de mots » mozambicain, les congolais Sony Labou Tansi et Dieudonné Niangouna et leurs écritures « volcan et termitière », Dambudzo Marechera le « soleil noir » zimbabwéen, ou, plus familiers de nos mémoires, Baudelaire et Michaux, seront de la ballade.
Comédien, metteur en scène, Jean-Paul Delore est un fou de la scène et des mots. Les mots, il les mâche et les recrache avec une fièvre gourmande. Une furie habitée. Il les porte, les transporte, les colporte et nous les restitue crus, vifs et nus. Pour ce récital, deux musiciens, deux grands noms du jazz, l’accompagnent. Louis Sclavis dont les souffles (clarinettes, harmonica) se mêlent à la contrebasse de Sébastien Boisseau. Ainsi, les textes sont impulsés, soufflés, hurlés, murmurés. Les mots et les notes s’enchevêtrent amoureusement, violemment, intensément. C’est éruptif et contagieux. Des langues et lueurs qui donnent envie de lire.