Certes, les passagers ont leurs bagages : contrebasse, accordéon, percussions ou encore vibraphone. Mais on s’aperçoit vite que la musique ne surgit pas forcément de là où on l’attendait. Elle jaillit de partout, du moindre frottement entre la matière et la curiosité de nos quatre hommes-orchestre. Arrosoir, échelle, tubes à eau, cannes à pêche, scie électrique et planches de bois, tout devient instrument de musique si on prend le temps de les gratter, les tapoter, souffler dedans et chercher à tâtons comment ça sonne. À ce bricolage symphonique s’ajoute alors la voix, bien sûr, mais aussi le corps en mouvement, parfois dansé ou acrobatique, dans un jeu clownesque tout à fait désopilant.
Comme un atelier ludique de lutherie et de composition, la musique s’invente sous nos yeux et nos oreilles. Les objets, les mots, les corps sont détournés de leur usage premier pour mieux se les réapproprier. Brouiller les cartes, renverser les catégories, montrer que tout s’entrecroise, que rien n’est jamais définitif et que tout peut advenir quand on y engage son corps, sa voix, sa créativité et qu’on cherche à les accorder aux autres, c’est la belle leçon d’harmonie du Pays de Zzazzan.