Une fête foraine. Une gamine, seule, accrochée à sa carabine, à un stand de tir : elle veut le gros dauphin en peluche.
Un ami de son frère arrive. Il est supposé la surveiller, la protéger, qu’il ne lui arrive rien.
Progressivement, le trouble s’installe entre eux.
Finalement, la gamine accepte de suivre le jeune homme pour aller manger une barbe à papa en sa compagnie. Sur le chemin, elle accepte également de lui donner la main.
Ce simple geste provoquera l’irréparable.
Au fil de flashback ponctués de dialogues poignants et explosifs, de scènes qui alternent d’un point de vue à l’autre, la pièce interroge avec justesse la versatilité de la notion de consentement.
À l’heure où les réseaux sociaux jettent une lumière crue sur les violences faites aux femmes, le texte de Pauline Peyrade trouve toute sa place sur les plateaux de théâtre.
Pauline Peyrade s’est inspirée de ce qu’il est coutume de nommer un « fait divers » pour écrire cette pièce.
Dans la mise en scène d’Anne Théron, ce sont deux jeunes comédiennes qui interprètent les deux rôles, car il ne s’agit pas d’une reconstitution.
Inutile de « rejouer » la violence, elle est indicible. Elle est irréparable. Doublement irréparable.
Il s’agit, ici, davantage de tenter de saisir l’instant de la faille, de conter l’histoire d’un après, de se venger du système judiciaire, plus encore que de l’agresseur.
« Une écriture "à la violence" comme Niki de Saint-Phalle peignait "à la carabine", telle est la démarche de Pauline Peyrade.
Comme la peinture de l’artiste, les mots de la dramaturge sont les instruments de la lutte, de la vengeance.
Un récit, des mots empruntés, détournés. Un petit pas de côté et le sens caché apparaît. Comme les troubles et les désirs adolescents, comme ceux d’une petite fille qui rêve
d’un « baiser sous la pluie ». Comme ceux d’un garçon, gentil, sérieux… bien sous tous rapports »…