BENJAMIN THOLOZAN / HÉLÈNE FRANÇOIS
Parler pointu
Né à Nîmes, Benjamin Tholozan est « monté » à Paris et a perdu en route son accent. Il parle « pointu », comme le dit son grand-père, sans accent, sans cette petite caractéristique du Sud. En gros, une façon fade et peu musicale de s’exprimer.
Le comédien remonte l’histoire familiale et l’histoire de France, lorsque le français est venu supplanter les autres langues et les reléguer au rang de patois, souvent approchées avec condescendance et mépris. La norme devient cette langue neutre, imposée, parfois avec une rare violence. Ainsi, ici ou là, les enfants surpris à parler une autre langue sont montrés du doigt, frappés d’opprobre et doivent porter le « symbole », une brique sur la tête, un insigne, un petit sac rempli d’excréments et autres stigmates avilissants.
Benjamin Tholozan fait ce constat et le confronte à sa propre histoire familiale avec cet accent perdu en trois générations. Il conte la perte, puis la honte et la culpabilité face à la déperdition d’une richesse linguistique et culturelle. Costumes, gilet à paillettes, tablier rouge, coiffe bigoudène, le comédien, avec Brice Ormain, complice à la guitare, joue des clichés, outils pédagogiques à l’appui (carte géographique, bouteille de pastis, chants folkloriques) tandis que l’humour déployé accentue la portée de la pique.
Benjamin Tholozan, à travers Parler pointu, sa propre histoire, dénonce le silence imposé aux parlers régionaux, notamment l’occitan. C’est très sérieux et très drôle à la fois.
L'Humanité
Accompagné par la musique de Brice Ormain, dont les accords nous entraînent volontiers au bord de la Méditerranée, le comédien nous propulse dans le passé, jusqu’aux origines du français. Parler pointu, mis en scène par Hélène François, raconte l’abandon progressif des parlers régionaux et des accents, et ce que cette perte revêt d’à la fois intime et politique.
La Dépêche de Saint-Céré
écriture et jeu Benjamin Tholozan / écriture et mise en scène Hélène François / avec Benjamin Tholozan et Brice Ormain en alternance avec Guillaume Léglise / création musicale Brice Ormain / création lumière Claire Gondrexon / scénographie Aurélie Lemaignen
Studio21 Coproduction Théâtre Sorano – Scène conventionnée à Toulouse Avec le soutien du Théâtre-Sénart – Scène nationale Lieusaint, du Théâtre de la Tempête à Paris, du CENTQUATRE – Paris, du Carreau du Temple à Paris, du Théâtre 13 à Paris, du Théâtre Public de Montreuil – CDN dans le cadre de résidence de création, du Hublot à Colombes, du Lycée Jacques Decour à Paris dans le cadre de Paris l’Été, de FRAGMENT(S) #10 (La Loge, Paris), de l’Adami dans le cadre du dispositif déclencheur et de la Spedidam © photo Marie Charbonnier